Eloge funèbre de Michel Mackelberg
Eloge funèbre de Michel MACKELBERG
Michel Mackelberg est né à Orival le 11 juillet 1929. Ses parents, venus de Belgique, étaient ouvriers agricoles. A 10 ans, au début de la Seconde Guerre Mondiale, il vient habiter chez sa sœur à Lignières. Il fréquente l’école communale puis le Cours Complémentaire de Grandvilliers. Ensuite Michel rentre comme « saute-ruisseau » dans l’étude notariale de Maître Gilbert à Lignières. En parallèle, il suit des cours par correspondance pour devenir clerc de notaire. Puis il trouve une place dans une étude à Péronne où il apprend le métier pendant trois ans tout en suivant ses cours par correspondance. Tous les 15 jours, il revient dans sa famille, aller-retour Péronne-Lignières à vélo ! Après ses trois ans à Péronne, il réintègre l’étude de Maître Gilbert comme clerc. En 1953, il épouse Marcelle, la fille de Maître Gilbert. Catherine naîtra en 57 et Philippe en 59. Et, en 1960, Michel succède à son beau-père comme notaire, charge qu’il exercera jusqu’en 1994.
Sportif accompli et polyvalent :
Michel commence le foot à Lignières à 11 ans, en minimes. Son frère Maurice, un des pionniers du club fondé en 1934, lui avait montré le chemin. Et quel chemin ! 80 ans comme joueur, secrétaire du club, dirigeant, une fidélité et un dévouement qui forcent le respect. Petite parenthèse de trois ans lorsqu’il travaille à Péronne. Là il joue en promotion d’honneur Picardie Artois Maritime (4 équipes de la Somme : Amiens, Mers/Tréport, Albert, Péronne, les autres équipes étaient du Nord, de l’Oise et de l’Aisne). Quand on parle de l’USLC et ses Diables Rouges, partout dans le département, un nom revient, celui de Michel Mackelberg. Il faut dire qu’il a contribué à la notoriété du club de plusieurs façons. Grâce à lui, à la faveur d’échanges de terrains, le stade communal a pu être créé (1976). Sa fonction de secrétaire, remplie avec rigueur et méthode, a été largement saluée. Dans un article du Courrier Picard du 16 août 2019, Michel disait : « A Lignières, on avait la chance d’avoir un menuisier parmi les dirigeants. Pour se mettre en tenue, il avait fait un vestiaire en bois. En général, dans les autres bourgs, c’était un vieux wagon qui faisait office de vestiaire. Le dimanche, jour de match, on enlevait les vaches du terrain quelques heures et bien sûr, les tacle glissés dans la bouse, ça doit paraître très curieux aujourd’hui. Pour se laver, pas de douches chaudes, quelques seaux d’eau et on était propre comme des sous neufs. Pour refaire le match, on allait ensuite dans un des trois cafés de Lignières, on changeait de lieu à chaque rencontre afin de ne pas froisser chacun des taverniers ». A Lignières, maintenant, il y a tout ce qu’il faut : des vestiaires confortables, un club-house moderne et même un second terrain d’entraînement. Michel a été un acteur essentiel de ce développement.
J’ai connu Michel en 1972, quand je suis arrivé à Lignières, tout jeune instituteur. J’ai joué avec lui en senior puis en vétéran. C’était un défenseur rugueux mais droit, respecté des arbitres, avec beaucoup de charisme. Parmi mes nombreux souvenirs avec lui, j’en garde un particulièrement. Les terrains de foot de la vallée de la Selle se trouvaient dans les marais. Michel était un défenseur doué d’un très bon jeu de tête. A la fin du match, après les nombreux coups de tête, la terre brune des marais avait noirci son front dégarni. Quel n’était pas notre étonnement de le voir se diriger vers les étangs tout proches pour faire un brin de toilette, même en plein hiver! On était loin du notable, précieux ou pédant, non, c’était un homme simple, sociable, amoureux de la ruralité, un gars de la campagne, un gars du peuple. Je me souviens aussi de l’un de ses derniers buts, en vétéran, à presque 75 ans. Il était fou de joie, comme un gosse qui vient de marquer son premier but. Le foot n’aura pas été le seul sport pratiqué par Michel. Il aimait le vélo. Toujours prêt à relever des défis, il s’essaya à gravir les cols des Alpes. L’ascension du Galibier sera l’un de ses plus beaux souvenirs, disait-il. Volontaire, pugnace, opiniâtre, Michel aimait se dépasser, tutoyer ses limites. Et puis il y eut le tennis de table. D’abord à Lignières, puis à Caulières en UFOLEP où il joua jusqu’à 90 ans. Est-ce que vous vous rendez compte de la performance ?
Pêcheur :
Michel, c’était aussi la pêche, virus qu’il aurait attrapé à Péronne lorsqu’il était clerc. Pêche à la truite, pêche en étang mais aussi pêche en mer lors de ses vacances d’été en Bretagne et Vendée. Il est même allé taquiner le brochet dans les lacs d’Irlande.
Chasseur :
J’ai eu le bonheur de partager bon nombre de parties de chasse, suivies de parties de belote acharnées ! Que de bons souvenirs ! Je l’ai vu battre des ronciers hostiles, méthodiquement, sans découragement, à la recherche d’un modeste garenne.
Maire :
Elu conseiller et premier adjoint en 1989, il succède à M. Michel Crété et devient donc maire en 1993. Il sera réélu en 1995 et ne se représentera pas en 2001.
Nous étions amis, les relations maire-secrétaire de mairie furent toujours empreintes de confiance et de complicité. Ce qui m’a frappé c’est l’exigence de l’immédiateté dans le traitement des dossiers. Nous épluchions le courrier ensemble, il me donnait les directives et considérait que l’affaire était traitée ; c’était sans compter sur la lenteur des rouages de l’Administration. Il pestait et ça ma faisait sourire. Je garde d’excellents souvenirs de cette période de collaboration intime où j’ai pu apprécier une autre facette du personnage.
Joueur de cartes :
Michel était un passionné de cartes, surtout la belote : après les parties de chasse (je l’ai déjà dit), au cours de la troisième mi-temps des matches de foot, sur un coin de table de la salle des fêtes lors des soirées associatives, après les permanences de mairie du vendredi avec l’amicale des anciens élèves et en toute occasion. Comme sur les terrains de foot, c’était un gagneur !
Michel nous a quittés lundi 5 août, à l’âge de 95 ans. Selon ses volontés exprimées par écrit, il n’a voulu aucun hommage, aucun discours, aucune fleur, rien ……! Ses cendres ont été inhumées ce jeudi 8 août dans le cimetière communal à côté de son copain François Guérard.
Nous sommes nombreux à être peinés de n’avoir pu l’accompagner une dernière fois mais nous devons respecter son choix.
Michel figurera en bonne place dans le Grand Livre de L’Histoire de Lignières-Châtelain et nous honorerons sa mémoire chaque fois que nous en aurons l’occasion. Adieu Michel !
A toute la famille en deuil, nous présentons nos condoléances attristées et adressons l’expression de toute notre amitié.
Yannick Desplains